Petit journal des sources et de la Joie de vivre

Apprendre, toujours apprendre…

Pour apprendre, il faut des professeurs, des maîtres… Je rêve à des « professeurs d’existence » qui s’efforceraient de développer chez leurs élèves les facultés d’éveil et d’attention.

Certes, je le sais bien, il faut transmettre un savoir, fournir des instruments et des matériaux, garnir les mémoires, monter et remonter des mécanismes logiques, linguistiques, manuels, inculquer ce qu’on nomme la culture.

Mais non moins important serait d’enseigner l’art de s’émerveiller, de s’interroger et tout simplement d’ouvrir les yeux. Ne procurer que de l’information peut être périlleux : à information totale correspond mécanisation totale. C’est ce qui arrive aux marionnettes et aux insectes.

Le manque d’information rend nécessaires les erreurs rattrapées et les expériences personnelles : invention, ouverture et finalement conscience en dépendent. La pédagogie active l’a bien compris : faute de modèle, on s’interroge ; et moins ily a de réponses apprises, sagement mémorisées, plus il y a de vie interrogative, donc de présence créatrice.

Le professeur d’existence serait préposé à cette ouverture. Loin de meubler les esprits, il serait plutôt chargé de les vider de leurs conforts et de leurs réflexes. Professeur d’inquiétude ! Oui ! Au lieu de donner les réponses, il motiverait la recherche, allumerait le désir d’y aller voir.

Professeur d’émerveillement, il prolonge les lignes de fuite et laisse deviner les perspectives des grandes œuvres (livres tableaux, musique, films), il détaille les résonances.

Professeur de poésie, il part directement des choses simples de la vie et en montre les transcendances; il fait parler l’existence, il la rend éloquente en déployant les consciences adolescentes au lieu de les emprisonner dans les rigidités d’un savoir.

Apprendre à exister, c’est la seule leçon de morale qui puisse être totalement acceptée et assumée puisqu’elle ne vise qu’à intensifier la vie.

Professeurs d’existence ! Je sais bien que je rêve ; mais dans la société « technotronique » qu’on nous annonce, le besoin ne finira-t-il pas par créer l’organe ?

Jean Onimus – La poursuite de l’Essentiel Bonnes pages de Marthe Danel.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page